TRANSITION ENERGETIQUE : La nouvelle donne des Hydrocarbures de Schiste.

Le paysage énergétique a été bouleversé par le tourbillon des hydrocarbures de schistes qui a fait chuter les prix du gaz et de l’électricité  aux USA et qui a placé certaines industries dans une position délicate.

En 2012 l’Agence international de l’énergie (AIE) a multiplié par quatre les réserves d’hydrocarbures  exploitables, ce qui remplace la notion de déclin des réserves par la notion de limites technologiques.

D’importateurs de  gaz  naturel liquide (GNL), les USA deviennent exportateurs. Un des effets indirects est l’exportation de charbon et de produits Pétroliers vers l’Europe et la réduction des gaz à effet de serre (GES).

Tous les Hydrocarbures  ont la même origine, ils proviennent  tous de la roche mère.Une partie de ces Hydrocarbures ont été  expulsés  et ont migré  vers la surface ou ils se sont bio-dégradés,  certains  ont rencontré une roche imperméable et se sont accumulés  dans un réservoir pour former un gisement conventionnel. Mais une partie importante des Hydrocarbures n’ont pas été expulsés et demeurent toujours  dans la roche mère formant un gisement non conventionnel d’Hydrocarbures  appelé pétrole  et gaz de schiste.C’est la combinaison des progrès techniques réalisés dans le forage horizontal et la fracturation hydraulique qui a permis d’augmenter la productivité par puits par un facteur six depuis 2007.Leur extraction doit en effet  être stimulée afin de drainer efficacement la roche, on augmente la  porosité et la perméabilité artificiellement en générant  des micro-fissures par injection  d’eau à haute pression.

 Ce tourbillon modifie  la donne du marché du gaz et du pétrole dans le monde. Alors que de plus en plus  de pays explorent leur potentiel : Russie, Chine, Egypte, Argentine entament des programmes d’exploration, cela pourrait réduire le recours aux pétrole OPEP, détendre le marché et éviter l’envolée des cours à plus de 120$/bbl .

 Les ressources en Europe sont évaluées à 60 ans d’importation, dont 30% située  en France.En France les données géologiques sont très prometteuses  on parle de 15 ans de consommation de pétrole et 100 ans de consommation de gaz.

 Malheureusement  une polémique basée sur de la désinformation a conduit en France à l’interdiction  en 2012 de la fracturation hydraulique par la loi même pour une  simple exploration. Le mythe est que la fracturation créerait  une possible contamination des nappes, le tremblement de terre et des nuisances terrestres. En fait ces risques sont maîtrisés si on applique correctement les standards de l’industrie pétrolière. La fracturation s’est fortement développée et s’est généralisée dans les dernières décennies, on estime aujourd’hui que plus d’un puits sur deux forés subit une étape de fracturationLe fluide de fracturation est composé de 99% d’eau et de sable affichent des concentrations d’additifs faibles (1%), leur rôle est d’assurer le transport du sable qui sert d’agent de soutènement pour maintenir la fissure ouverte, il augmente la fluidité  et diminue la consommation d’énergie. Aujourd’hui on utilise des produits de la vie courante et on les remplace par des produits issus de la chimie verte autorisés dans l’industrie alimentaire. L’eau de refoulement contaminée est traitée ou recyclée dans un autre forage. Il faut 15000 M3 pour forer et fracturer un puits dont la durée de vie est de 10 ans, c’est  la quantité  d’eau utilisée pour arroser un terrain de golf de 18 trous pendant un mois et on peut aussi  utiliser l’eau de mer. L‘exploitation ne nécessite pas de grand espace.  L’empreinte au sol est modeste,  l’action se déroule sous terre et non pas en surface, on ne gène pas l’agriculture locale ou les résidences privées. A partir d’une plateforme qui occupe 1 ha on peut forer une quinzaine de puits,  pour drainer jusqu’à 500 ha, l’activité de forage s’étalera sur un an et ensuite le derrick est démonté.  Autre mythe : la fracturation provoque des tremblements de terre, en fait le tremblement est considéré comme imperceptible, c’est équivalent au tremblement provoqué par le trafic automobile.

 Plusieurs pays vont de l’avant.  En 2012 le « British Géological Survey » a conclu que les risques liés à la pollution de nappes et  le  tremblement de terre ont été largement exagérés et on a interrompu le moratoire.La Suède, la Grande Bretagne, le Danemark, la Pologne encourage la prospection de gaz de schiste.En France  une partie de la société refuse le changement technologique et  pourtant ce pays dispose d’une expérience et d’acteurs industriels compétents

 En Europe la production de 80 GM3 de gaz aurait pour effet de réduire la facture énergétique de 50 Mia € sans tenir compte des effets directs et indirects sur l’emploi.

 Aujourd’hui l’Europe commence à prendre  conscience que les Hydrocarbures  non conventionnels doivent entrer dans la diversification du mix énergétique, et que la contribution des hydrocarbures de schistes est essentielle pour le progrès et le développement de la société : ce n’est plus un problème technique d’exploitation mais un problème d’acceptabilité d’une technologie « nouvelle  «  par la société civile en France  et cette réticence ne semble pas justifiée car il y a dans ce pays  un grand respect de l’industrie pour la réglementation,, dans les trente dernières années  on a foré et fracturé 3000 puits dans le bassin parisien sans incidents et en harmonie avec les populations locale, il y a potentiellement une rente minière qui peut être recyclée au profit de la société civile.

 

Auteur/autrice : Bernard-Michel Carnoy

Belge, ingénieur civil chimiste de l’Université de Liège, Master in Engineering, Economics & Design de Cornell University (USA), et ancien conférencier Université de Paris, Panthéon-Assas II.